Selon La politique d'intervention en matière de violence conjugale (Gouvernement du Québec, 1995) et réitéré dans le Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugal (2018-2023), « la violence conjugale se caractérise par une série d’actes répétitifs, qui se produisent généralement selon une courbe ascendante. Les spécialistes appellent cette progression l’escalade de la violence.
Elle procède, chez l’agresseur, selon un cycle défini par des phases successives marquées par la montée de la tension, l’agression, la déresponsabilisation, la rémission et la réconciliation. À ces phases correspondent chez la victime la peur, la colère, le sentiment qu’elle est responsable de la violence et enfin, l’espoir que la situation va s’améliorer. Toutes les phases ne sont pas toujours présentes et ne se succèdent pas toujours dans cet ordre.
La violence conjugale comprend les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique. Elle ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extra maritale ou amoureuse, à tous les âges de la vie».
Les murs ou cycle de la violence
La tension
La femme a peur et anticipe le pire. Tente d’abaisser la tension. Le conjoint : la responsabilité de la tension revient à la femme. Il entretient des attentes irréalistes, rigides. Il ressent de la colère, de la rage, de la jalousie, de l’impatience, etc.
L’agression
La violence (5 formes) éclate! La femme est sous le choc, susceptible de ressentir : la tristesse, la haine, la peur, la colère, etc.
L’invalidation
Le conjoint évite les remords, la honte, ou la culpabilité, minimise ou justifie ses gestes. La femme se croit responsable et minimise ses émotions comme la peur, la colère et la honte.
La rémission
Le conjoint exprime des regrets et veut se réconcilier. Il adopte des comportements susceptibles de l’aider à regagner la confiance de la femme. La femme accepte de donner une nouvelle chance et mesure les pertes et les peurs à quitter versus les gains à rester.
Les 5 formes
La violence psychologique
(contribue à faire croire à l’autre qu’elle ne vaut rien, que tout est de sa faute et qu’elle ne fait rien de correct)
Manifestations: Critiques et humiliation, blâmes, bouderies, indifférence, silences, dénigrement et dévalorisation de l'autre, attitudes et propos méprisants, négligence, violence sur des objets ou des animaux, etc.
La violence verbale
(menace cachée derrière les répliques de la personne ou par l’utilisation de son ton de voix)
Manifestations: Insultes, hurlements et cris, sarcasmes, propos dégradants et humiliants, chantage et menaces, etc.
La violence économique
(liée aux ressources financières et matérielles)
Manifestations: Privation ou contrôle des ressources financières et matérielles, contrôle et surveillance des activités économiques, création d'une dépendance financière, achète des cadeaux pour s'excuser d'avoir agit violemment, etc.
La violence sexuelle
(être confrontée à des actes d’ordre sexuel sans son libre consentement)
Manifestations: Agressions sexuelles, impositions d'actes dégradants (obliger à porter des vêtements érotiques, à regarder du matériel pornographique, à imposer des positions sexuelles), manipulation ou brutalité en vue d'une relation sexuelle non consentie, forcer à avoir des relations sexuelles non protégées ou avec d'autres personnes, dénigrement sur le plan physique et sur les habiletés sexuelles, etc.
La violence physique
(la plus facile à reconnaître. Elle représente une atteinte à l'intégrité physique de la victime)
Manifestations: Bousculer ou pousser, serrer les bras, tirer les cheveux, lancer des objets, menacer avec une arme, brûlures, fractures, morsures, immobilisation, homicide, etc
Les murs ou cycle de la violence conjugale
MYTHE
La violence conjugale se retrouve dans tous les groupes sociaux, économiques et culturels.
RÉALITÉ
Il s'agit d'un problème de société envers lequel tout le monde doit agir car tous sont impliqués. De plus, plusieurs actes violents commis dans un contexte conjugal sont des infractions inscrites au Code criminel.
MYTHE
Il existe des différences importantes entre une chicane et de la violence. Certaines caractéristiques telles un rapport de pouvoir inégal (l'emprise de l'un sur l'autre), la peur chez l'un des partenaires et l'aspect cyclique et répétitif des situations sont des indices de violence conjugale. La chicane de couple est quant à elle l'expression d'une mésentente entre deux personnes dans un rapport égalitaire qui peut se manifester par la colère et l'agressivité mais dont le sujet ne visent aucunement l'atteinte directe des capacités ou de l'estime de l'autre. La discussion, les échanges mutuels et les compromis sont possibles dans une chicane mais pas dans une relation de violence conjugale.
MYTHE
Il n'y a pas de provocation, sinon des événements déclencheurs qui deviennent des «prétextes» à la violence. La personne qui agresse est responsable de ses actes. Aucune situation ou événement ne justifie le recours à la violence.
RÉALITÉ
La consommation d’alcool (ou de drogue) constitue un facteur de risque parmi d’autres dans le fait de commettre de la violence à l’endroit d’un partenaire. Toutefois, il ne s'agit pas d'une condition suffisante pour expliquer la violence conjugale et ne peut pas constituer une excuse à l’agressivité et à la violence.
MYTHE
Bien que certains hommes violents ont des troubles de santé mentale, la violence conjugale ne s'explique pas par des problèmes de santé mentale car toutes les personnes ayant une problématique au niveau de leur santé mentale ne sont pas violentes.
MYTHE
Selon Le plan d’action gouvernemental, la violence conjugale «(…)ne résulte pas d'une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l'autre personne et affirmer son pouvoir sur elle».
MYTHE
Plusieurs raisons complexes expliquent pourquoi les victimes restent avec l'agresseur. Il est important de savoir que les victimes qui sont prises dans le cycle de la violence conjugale ressentent de la peur, de la honte, de la culpabilité, du doute et de l'impuissance. De plus, des convictions religieuses, des valeurs personnelles ou culturelles peuvent empêcher les victimes de quitter leur conjoint.
Voici quelques facteurs supplémentaires : la peur des représailles et des menaces proférées par le conjoint; Craintes face au système judiciaire (pour dénoncer le conjoint ou s'en séparer); L’absence et la méconnaissance des ressources d’aide; L’inquiétude pour les enfants; Le manque de soutien de la part de la famille et des amis; L’espoir constant que le conjoint va changer, etc.
MYTHE
Le conjoint ayant des comportements violents n’est pas nécessairement violent dans toutes les sphères de sa vie (au travail ou envers des étrangers par exemple) et peut ne pas avoir d’antécédents criminels. Il peut être par exemple un très bon voisin aidant.
MYTHE
L'homicide conjugal est un meurtre, souvent prémédité. Il constitue l'aboutissement d'une relation de violence et de domination. La période de séparation est la plus risquée face à l'homicide.